Friday, 19 December 2008

Aujourd’hui est leur Créateur - Dionysos Andronis


Ce nouveau recueil de poèmes de Gary Cummiskey a comme titre une phrase du peintre américain Robert Rauschenberg. La quotidienneté serait le sujet du recueil (le mot « Aujourd’hui » est le premier du titre), mais ce serait une quotidienneté transformée poétiquement. L’univers des reportages télé (surtout dans le poème central « Et nous voyons ») est un premier point d’inspiration de ce recueil vital et significatif de l’auteur. La poésie de Cummiskey, à travers son pessimisme et sa tension existentielle, devient un champ libre de réflexion et de Création humaine, comme le dernier mot du titre aimerait nous le rappeler. Chacun de nous peut apporter sa pierre de construction de cet édifice solide d’une poésie humaine, fragile, simple et baignée dans l’immédiat et les inattendus pour la plupart involontaires de la vie quotidienne.

A travers la sensation du macabre et du danger évident dans la vie quotidienne (l’exemple le plus caractéristique serait le dernier poème « Café du coin » où le propriétaire se fait tuer en secret et loin des yeux des clients) et du thème de la chasse quotidienne (le deuxième poème « Le rêve d’un rat » est caractéristique où l’on témoigne de cette chasse entre chat et rat dans notre domicile), Cummiskey nous livre un recueil qui nous concerne tous directement. C’est un recueil écrit d’après les visions et les angoisses de tous les jours mais dans la tête d’un observateur serein et calme qui est le poète lui-même. Il est observateur seulement parce qu’il sait très bien que son imagination offrira un produit artistique différent et meilleur mais s’inspirant de toutes ces situations affligeantes et grotesques de tous les jours. Ce sera une vision « noire » (au sens artistique du terme) aux antipodes des souhaits initiaux.

Café du coin

Je t’amène
au café du coin.
Il est vide
ainsi nous glissons derrière le comptoir
et nous commençons à baiser.
Après,
quand nous remontons à l’étage
nous voyons le propriétaire allongé
près de la porte, mort.

(Op.cit. page 25, traduit par Dionysos Andronis)

No comments: